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Ce qu'ils en pensent
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Opinion de quelques chercheurs, éditeurs et responsables de bibliothèque en ligne :

....pour ce qui est de la publication du journal d'Amiel sur un site internet, il est évident que les deux principaux avantages pour le chercheur sont
d'une part la possibilité de rechercher facilement une citation, et de l'autre celle de trouver les occurrences d'un mot ou d'un syntagme.
Ce sont des atouts importants parce que les recherches de citations sont difficiles
et fastidieuses dans un texte aussi long et répétitif, et parce que sans remplacer la lecture suivie,
le relevé de mots ou expressions permet de dégager ou conforter des régularités thématiques.
Cela permettrait aussi facilement le copié-collé de citations.
En revanche la lecture suivie ne me semble pas personnellement possible sur internet: trop lourde, ne permettant pas de feuilleter assez facilement.
On peut donc supposer que cette publication serait plus complémentaire que concurrente de la version papier.
Elle permettrait enfin, je crois, à des lecteurs potentiels de découvrir le monument que constitue ce journal....
Michel Braud, maître de conférences à l'Université Bordeaux-III
http://www.montaigne.u-bordeaux.fr/
 

....ma première réaction a été tiède...
J'aime lire des livres en papier et tourner des pages, j'aime la rangée des douze volumes dont je sais que je n'arriverai jamais à bout... Lira-t-on plus, ou mieux, sur écran ?... J'en doute...

Mais s'agit-il de lire, ou de travailler sur le texte ? Pour travailler, c'est différent, la numérisation serait un formidable atout.
Les études stylistiques et lexicographiques feraient un bon en avant terrible - ce serait la voie royale pour analyser ce maniaque de la synonymie, on pourrait faire un dictionnaire époustouflant...
D'autre part on pourrait construire des "parcours de lecture", à la Claude Mauriac,
une série de liens qui enchaîneraient des passages et offriraient au lecteur des sortes de "visites guidées" du journal, dont le parcours pourraient être renouvelées toutes les semaines, proposant au lecteur, selon son appétit, une visite de dix ou de cinquante pages, axée sur tel thème !
On aurait des morceaux choisis non pas à la place de l'oeuvre, comme ça se passe maintenant, mais à l'intérieur de l'oeuvre, ce qui serait très nouveau !

Là, vous voyez, je commence à m'échauffer, car il me semble qu'Amiel est le terrain idéal pour jongler avec l'hypertexte... Le journal se prête merveilleusement à ce type de parcours (alors que ce serait profaner la plupart des oeuvres que de les désarticuler et réarticuler ainsi) : il y a là un mode d'"édition" nouveau à inventer (les parcours eux-mêmes ne seraient pas linéaires, mais offriraient chaque fois des fourches, des choix...)...
Et puis mon enthousiasme monte encore d'un cran : sur un autre plan, la numérisation pourrait remédier aux insuffisances de l'édition actuelle : on pourrait réintégrer les journaux de vacances qu'Amiel avait maintenus à l'écart, et qui font des trous horribles dans la trame de son journal...
J'avais été stupéfait que l'idylle de Glion en 1854 ne soit pas dans le journal... et on pourrait les réintégrer par des liens sans rompre le fil de la construction actuelle...
Même chose pour les délibérations matrimoniales (qui, entre parenthèses, n'ont jamais été vraiment éditées,
ce serait peut-être la première chose à faire, sur papier), on pourrait à la fois les éditer en continu, et les relier entrée par entrée au journal...
Et que dire de l'immense, immense correspondance, qui est encore pour l'essentiel dans les limbes ?...
Mon enthousiasme montant encore, je vois à l'horizon une oeuvre virtuelle gigantesque dont jamais Amiel n'aurait pu rêver, un labyrinthe à laquelle son écriture fragmentaire et simultanément multiple se prête merveilleusement, un hyper-Amiel total !...
Dans tous les cas, il ne s'agit pas de simplement numériser l'édition en douze volumes,
ça manquerait vraiment d'imagination, mais d'en faire le socle d'une construction beaucoup plus ambitieuse et qui serait, tout en restant absolument fidèle à Amiel, une création totalement originale, sans équivalent.
J'ai déjà rêvé à l'emploi de l'hypertexte pour éditer un autre journal, celui de Pierre-Hyacinthe Azaïs (je l'ai évoqué dans Signes de vie) - en effet, il a composé un journal dont, en quelque sorte, la lecture-papier est impossible... Pour lui, il n'y a pas d'autre solution que l'hypertexte... Amiel est plus raisonnable, on peut le lire directement à la suite, sans hypertexte... Mais il est tellement plus intéressant, intelligent et poète que ce pauvre Azaïs !... J'arrête, tout cela me monte à la tête, et je vous souhaite à tous bon travail, mais ne soyez pas trop... raisonnables.

Philippe Lejeune, critique littétaire, spécialiste de l'autobiographie
http://www.autopacte.org/
...vous pouvez en effet exprimer en mon nom (fort modeste) tout l'intéret d'une telle entreprise pour les chercheurs et les amateurs.
Philippe Amen, enseignant de lettres au Lycée Les Feuillants à Poitiers
http://philippeamen.canalblog.com/archives/amiel_city/
...merci pour les informations sur la numérisation.
De toute façon, cela se fera, puisque la technique ne cesse de progresser (et le temps de passer...).
J'y vois un puissant outil au service des chercheurs et une porte ouverte à ceux que le manque de temps ferait renoncer à étudier Amiel.
Louis Vannieuwenborgh, chercheur indépendant
http://www.amiel.org/atelier/oeuvre/bibliographies/ecritsdamiel.htm
...les auteurs suisses sont les bienvenus sur le site [de la médiathèque] puisque y figurent des auteurs francophones dont nous conservons des exemplaires dans nos collections.
Pour ce qui est de la protection de l'éditeur qui vous autoriserait à mettre en ligne une de ses éditions,
elle est illusoire, sauf à verrouiller le site (accès restreint et ou payant, blocage des impressions... ?).
Mais en quoi une édition en ligne est-elle préjudiciable à l'édition papier je crois les deux formes plus complémentaires que concurrentes....

Olivier Bogros - Médiathèque André Malraux - Lisieux
http//www.bmlisieux.com
...les ouvrages en accès gratuit sont ceux que nous vendons le plus, le livre est irremplaçable.
En six mois, les Editions de l'Eclat ont fait numériser cent livres, et quatre cents ventes sur Internet ont été déclenchées....
...le Lyber c’est la coexistence d’un même contenu sur deux supports.
Un support papier, traditionnel, un LIVRE, vendu dans des librairies ET un support numérique
que toute personne peut consulter, télécharger, imprimer à sa guise sur le site des éditions (gratuitement et intégralement)
Michel Valensi, fondateur des Editions de l'Eclat
http://www.lyber-eclat.net/lyber/lybertxt.html